Pourriez-vous vous présenter
Après un BAC scientifique mention TB j’ai eu un parcours artistique aux beaux-arts de Paris. A suivi le diplôme d’« Ancien élève » de l’Ecole du Louvre, l’art du XIX et début XX siècle, des impressionnistes à Marcel Duchamp et Malévitch. Un niveau doctorant sur « Jean Cocteau, peintre, dessinateur, filmographe » a complété ce cycle d’étude. Ensuite j’ai passé 15 ans dans les services en informatique, notamment les éditeurs et ERP. Et enfin, j’ai rejoint le Rotary club international qui répond à mes attentes personnelles avec leur belle devise : « servir d’abord ».
La création de SIEL de Paris, et le Fonds de dotation ont été des chemins naturels sur mon engagement personnel qui est un acte dénué de toute motivation intéressée.
Vous avez deux grands combats dans votre vie, l’art contemporain et le handicap. Pourriez-vous nous en dire plus sur ces sujets ?
Ce ne sont pas mes combats, qui se définissent contre un adversaire, je n’agis pas par idéologie mais mue par mes convictions – et mon savoir-expérientiel.
Mon mari a une SEP, je côtoie ce handicap chaque jour et je peux ressentir la réalité des manques.
Ayant été artiste « non comprise », je comprends fort bien les attentes et les besoins des artistes.
Parlons plus spécifiquement de votre mission culturelle.
L’injustice me dérange. Les échecs dans le milieu artistique et les expositions diverses m’ont appris que pour réussir sur ce chemin, un minimum d’ingrédients est nécessaire et obligatoire :
- Avoir un réseau amical,
- Pouvoir et savoir investir,
- Appartenir à un système.
Un système est nécessaire, mais les systèmes existants ne sont plus adaptés à l’art contemporain, dépassé par leur raideur, rigidité et insensibilité telle que les colonnes de Buren. C’est pourquoi j’ai décidé d’en créer un nouveau système, qui prenne en compte les spécificités d’un nouvel art contemporain tangible et basé sur l’émotion.
Je me rappelle un jour où j’ai appelé Jérôme de Noirmont à sa galerie, voulant exposer chez lui, considérant que mon travail pouvait correspondre à ses attentes artistiques. Il m’a rétorqué qu’il ne me connaissait pas et m’a conseillée de le rappeler quand je serai un artiste plus connu… !!! Voilà pour la petite histoire.
Sinon, les impressionnistes m’ont toujours interpelée par leur position à résister à l’Académie. Aujourd’hui, les FRAAP…. remplacent l’Académie du XIX siècle de par l’imposition de leur choix, voir Anish Kapoor à Versailles pour comprendre mes propos.
Le chemin naturel entre ces deux points de réflexion m’a amenée à la création du musée qui a une histoire particulière.
En quoi l’art contemporain mérite-t-il d’être particulièrement promu ?
L’AC est l’un des témoins humains du temps qui passe.
La sensibilité des artistes, leur capacité à émouvoir le regardeur est le degré de la communication de cette instantanéité vers le futur. D’où l’importance de la compréhension de cet AC.
L’art contemporain sous toutes ses formes, poésie, musique, peinture…, marque l’époque de son empreinte, et à mon sens doit véhiculer l’EMOTION à travers l’histoire.
Notre humanité conjugue de plus en plus son intelligence avec les machines que nous créons, cette part d’EMOTION sera la seule particule témoin de l’humain dans les siècles à venir.
Préservons-la !
Quel est pour vous le rôle des acteurs du monde de l’art vis-à-vis de l’art contemporain ?
A mon sens, il faut distinguer deux catégories d’acteurs.
• Le rôle des artistes et des créateurs, au sens large du terme, est de laisser la trace des instants vécus en témoin du passage du temps, avec leur sensibilité et trauma (au sens reve) à travers leurs œuvres tangibles.
• Le rôle principal et essentiel des institutions est la transmission de cet art contemporain, avec ses valeurs, aux générations futures.
Étant artiste vivant, quels sont – pour vous – la / les meilleure (s) façon (s) de promouvoir son art ?
Avant de promouvoir, suivre un chemin basique est non négligeable, on ne peut pas se réveiller un jour et se proclamer artiste parce que l’on s’imagine que l’on fait mieux que son voisin.
La lecture et la réflexion sur le passé et le présent de l’humanité pour trouver une ivresse nécessaire à la création sont des fondamentaux incontournables.
Imaginer pour créer est une autre étape nécessaire et obligatoire, qu’on soit autodidacte ou élève, la douleur est la cause essentielle de la création artistique, si un artiste ne souffre pas (souffrance qui est spécifique à chaque artiste et à sa vie), il ne peut pas créer. A ce vécu de souffrance on ajoute quelques perles d’imagination fertile et l’œuvre magistrale sera née.
Ensuite travailler pour produire est inévitable et indispensable, car combattre le néant à chaque fois, ajoute une couche d’expérience qui mène à la sagesse de la création et l’expertise de la matière et du médium, quels qu’ils soient.
Après ces acquis on doit promouvoir à travers les différents canaux existants, galerie, salons, VAE.
La recette c’est exposer pour gagner de la visibilité, surtout à l’époque actuelle où « pas vu, pas vendu ».
Van Gogh s’est investi à fond – Cendrillon ne créait pas.
Nous sommes obligés d’adhérer à un système et réseau, de nos jours on ne peut plus rester marginal. L’artiste rebelle qui croit à un marchand d’art qui viendra frapper à sa porte pour s’occuper de son ART réside au bois dormant.
Qu’attendiez-vous de la vente « NeXT-Art-Emotion » ?
Le résultat a été à la hauteur de mon attente pour une première, à savoir coter plus de 2/3 des artistes participants et une vente avec des prix estimés par Maitre Marchandet sur la base du niveau du marché de l’art et non pas la demande des artistes.
Qu’avez-vous pensé de cette vente qui constitue la collection d’un musée devant ouvrir courant 2017 sur Paris ?
Je vous remémore la raison d’être du musée, qui dépend du fonds acquis par les VAE organisées au profit du fonds de dotation du numérique international, avec pour objectif de créer le musée d’art contemporain.
Ce sont les acheteurs et les futurs collectionneurs qui décident quelle œuvre rentre au musée de par l’acte d’achat à la VAE.
C’est la première fois dans l’histoire de l’art contemporain français que les institutions (FRAAP, et nos élus…) ne décident pas de la transmission.
Comme à l’époque des impressionnistes, la porte d’un musée s’ouvre directement par la décision des acquéreurs, tels que les « Barnes », « Durand-Ruel » et « Stein », ceux qui ont constitué des collections muséales.
La vente 2014 a été une première avec des conditions innovantes, les artistes qui ont participé ont joué le jeu et je les remercie. Comme chaque première initiative la sélection a été difficile, mais la qualité était au rdv, vu le nombre de lots vendus, 50%.
L’ouverture du musée dépend du nombre et la qualité du fonds acquis uniquement par les VAE.
Quelles sont les initiatives dans l’Art qui vous stimulent particulièrement ?
Toute initiative qui porte l’innovation, stimule la création et ose renverser les sentiers battus.
Le slogan de SIEL de Paris a été « oser innover »
Le MoLA s’inscrit particulièrement sur cet axe : donner envie aux visiteurs de Marseille ou de New York de se déplacer à Paris pour découvrir les œuvres du Fonds de près, car déjà appréciées sur notre galerie virtuelle (avec notre premier partenaire OPIUM, qui est une start-up innovante), sont les deux premières initiatives culturelles du Fonds.
Un dernier mot ?
« Que l’inspiration et l’imagination des hommes puissent créer encore d’autres mondes merveilleux. »
Propose recueillis par Thomas Letscher